dimanche 1 juin 2014

La révolution numérique sur tous les fronts




La transformation numérique, baptisée de nouvelle révolution de nos sociétés, est multiforme.

Nous en sommes alertés par de nombreux propos au sujet :
  • des relations commerciales et des achats, où le parcours client est devenu "digital"
  • de la transformation des entreprises qui deviennent "numériques"
  • des administrations qui sont dotées d'un "chef data officer"
  • de l'innovation avec la co-création de valeur, le "crowd-sourcing"
  • de la mobilité devenant l'interface dominant
  • des objets connectés qui généreront un trafic colossal, dont on ne sait mesurer la magnitude
  • des réseaux sociaux de plus en plus prégnants,...
Les fondements de notre culture seront-ils remis en cause. L'ordre sera-t-il bousculé par un nouvel assemblage de nos activités de plus en plus connectées et digitalisées.

Probablement. Pourtant ce bouillonnement n'est pas si désordonné : la révolution numérique se produit sur différents fronts, et il est assez simple d'en visualiser les mouvements, les grandes lignes de clivage.

En effet, comme nous l'avons ici constaté à de multiples occasions, les activités humaines, les opérations économiques, et, plus finement le monde biologique, vivent par des transformations qui s'enchaînent à l'infini.

Que ces transformations soient matérielles, immatérielles, intellectuelles, sociales, économiques, écologiques, biologiques... il s'agit toujours de la même histoire : 

  • au début existe un événement, qui motive la transformation, et concerne un objet, un individu, un groupe, une entité, un espace, un concept...
  • la transformation est réalisée par un opérateur économique, par une personne, par un groupe social, par des réactions chimiques... une multitude de cas sont observables : transformation par des bactéries (fermentation, digestion, ...), par une chaîne de fabrication (production industrielle), par l'artisan, le bureau d'études (projet technique), le service informatique (développement applicatif), le service législatif (projet réglementaire), l'enseignant (formation)...
  • cette transformation s’organise en strates successives combinant des chaînes de valeur où les individus, organismes ou autres acteurs se répartissent les rôles, et la spécialisation sur des segments de valeur (alias transformations élémentaires)
  • chaque événement est lui-même partie d'un jeu d'événements (cycles, parcours, séries stochastiques,...) activant et motivant autant de transformations diverses et variées, adaptées à chacun
  • de sorte que cet ensemble, certes souvent complexe, peut être perçu comme un tout dans sa sémantique, ses temps de cycles et biorythmes, ses acteurs, ses entrants et ses résultats : un univers de transformation.

Bref, ce modèle peut prendre de nombreuses formes, la Trame Business (publiée dans mon livre sur la stratégie business et les systèmes d'information) est une proposition pour une représentation générique, initialement appliquée au cas des systèmes d'information, mais transposable bien au delà.

Mais qu'importe le modèle, faisons en abstraction, et si l'on ignore le détail de toutes ces usines à transformer (l'économie, l'entreprise, le milieu social, le biotope, les flux financiers, l'usine, les processus, les systèmes d'information...) que reste-t-il ? Tout simplement des événements initiateurs, et des résultats.

Bien sûr, si nous combinons toutes les transformations, tous les univers, la complexité est colossale.
Combinatoire de toutes les transformations
Mais si nous ne retenons que les cycles majeurs, qui formalisent comme nous l'avons vu, des frontières, la représentation est simple, et le nombre de paramètres est réduit quand nous ignorons tout le détail des configurations de chaînes de valeur qui opèrent les transformations : configurations économiques, géopolitiques, organisationnelles, sociales, écologiques, ...

Un schéma simple pour restituer cette réalité éternelle prend la forme d'un polygone. Nous en avons donné plusieurs exemples (notion de frontière, saut de frontière, transformation numérique ).

Revenons maintenant à "nos moutons" : pour tout un chacun, la révolution numérique va impacter plusieurs facettes du polygone, qui sont autant de "fronts" où il va se passer des évolutions, des remises en cause et des opportunités. Faute de focaliser sur ces fronts, le mouvement de numérisation n'est vu, par illusion d'optique, que comme une juxtaposition désordonnée.

Bien sûr, tout dépend du cas particulier, c'est à dire ici, du polygone que l'on analyse : il signe une activité originale, par exemple un type d'activité économique. Justement l'impact économique de la révolution numérique est un vaste sujet, qui implique et accompagne l'évolution des entreprises elles-mêmes vers cette société numérique et connectée.

La carte du tendre de cette société, fondée sur le dit polygone, nous offre un guide de visite.
Nous pourrons mener cette visite, front par front, au fil des messages de ce blog.


Listons les fronts majeurs, où il se passe quelque chose, et que nous allons pouvoir étudier pas à pas :

  • le front opérant, celui qui symbolise le cycle central de la transformation, avec son biorythme caractéristique, par exemple : le parcours de soin dans l'hôpital, celui du passager, de l'avion, le cycle de vie de l'individu, mais aussi les étapes d'une formation, d'un concours, d'un projet, ... C'est le front où se joue la finalité : le service rendu, le produit utilisé, le malade soigné, ...
  • le front d'installation et d'appropriation qui vit au rythme de la livraison, de l'apprentissage, de l'intégration du produit ou du service au contexte opérant,
  • le front produit-service qui voit se créer cet objet, ou ce concept, ce service, et son évolution avec un cycle qui lui est propre et conditionné par de nombreux paramètres : marchés, réglementation, technologie, ...
  • le front client, qui symbolise le parcours d'achat, depuis la recherche jusqu'à la conclusion de la vente et sa mise en oeuvre. Dans plusieurs cas le client est directement concerné par l'opération (transport, soins, ...), mais le distinguo, entre opérant et client, est impérativement à faire,
  • le front de mise sur le marché et en distribution, qui retrace la vie du marketing, du réseau de distribution, des canaux commerciaux ou de diffusion,
  • le front des ressources (RH, énergie, matières, finances, IT, ...) avec leurs cycles diversifiés. 
Ce sont là autant d'axes d'analyse. En réalité, la transformation numérique impacte ces aspects de façon différente. Ceci justifie, nous le verrons, ces distinctions qui peuvent paraître subtiles, parfois arbitraires. Notre propos est donc d'utiliser cette géométrie, plutôt qu'une approche économique, technologique, sociétale, pour comprendre, analyser et finalement structurer l'action, anticiper.

Avant de reprendre, dans de prochains messages sur ce site, l'analyse selon ces axes, nous proposons au lecteur une piste de réflexion à l'aide du tableau ci-joint. Il s'agit en effet de caractériser, pour chaque axe d'analyse, en quoi il est concerné par la révolution numérique.

Les lignes de ce tableau sont organisées selon la chaîne de valeur type de la contribution numérique:

  • les possibilités de nouvelles connexions (objets connectés, domotique, ...),
  • les nouveaux segments de valeur par saut de frontière,
  • la résonance par les réseaux sociaux,
  • le développement d'applications pour mobiles-embarquées,
  • l'hybridation (canaux, données classiques-Big Data, Open Data),
  • les nouvelles plateformes Big Data (galaxie Hadoop)
  • Invasion numérique des chaînes de valeur
  • et les analytics (data science).
Nous pourrons ainsi mieux comprendre l'invasion numérique au cœur des chaînes de valeur typiques des activités.

Car, selon les axes, l'impact peut être fondamentalement différent : simple transfert de charge vers la ressource numérique, ou, à l’extrême, changement complet de paradigme.





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