jeudi 21 avril 2016

De l'Architecture d'Entreprise à l'Architecture d'Ecosystème


Le concept d'Architecture d'Entreprise structure la pensée des Urbanistes SI ou des Architectes d'Entreprise depuis des décennies. Cette approche historique est menacée par la 3 ème révolution industrielle, et par le séisme technologique en cours. La faire évoluer ? Lui substituer une nouvelle approche ?

La nécessité d'une vision globale


Au delà des évolutions en cours, la nécessité d'une vision de moyen terme demeure. Elle doit être globale, et l'Entreprise ne peut s'en remettre à la seule dynamique des projets. L'ensemble du patrimoine des applications, et des nouveaux composants, issus de tous ces projets, résulte de visions locales, partielles, opportunistes. Cet ensemble, au fil du temps, deviendrait de plus en plus complexe, redondant, incohérent. Malgré les progrès technologiques, les mêmes causes produiraient les mêmes effets, qui ont justifié l'Architecture d'Entreprise et l'Urbanisme des SI.

Certes le développement agile, les microservices, les Big Data, nouvelles plateformes effacent de vieilles contraintes. Mais la maîtrise d'une complexité globale reste le sujet majeur, qui dépasse le SI : ce système d'information est calqué sur l'organisation de l'Entreprise, sur les Métiers. Il en reproduit fidèlement cloisonnements et complexité.

Sur quel périmètre architecturer l'Entreprise ?


L'Architecture d'Entreprise s'est développée avec une approche centrée sur l'Entreprise. Elle a lutté contre le cloisonnement, les fameux silos, et le manque de vision à terme, avec cible ou "To Be".

La révision de la méthode et des processus de l'EA est indispensable (voir à ce sujet "le futur de l'Architecture d'Entreprise"). Mais sur quel périmètre appliquer notre projet "urbanistique" ? Faut-il encore cartographier l'Entreprise ? Le bureau d'étude d'urbanisme doit-il se limiter à la Cité ? Et d'ailleurs, quelle est la Cité du SI de l'Entreprise numérique ?

Les frontières de l'Entreprise se dissolvent dans l'Ecosystème


Les fonctionnements entre l'Entreprise et ses partenaires, entre l'Entreprise et ses clients, se dématérialisent, et surtout s'automatisent. Les coûts d'interfonctionnement en sont réduits, et les processus deviennent transverses aux Entreprises et organisations.

L'Entreprise et ses partenaires forme un conglomérat qui fonctionne, progressivement, comme une seule et même Entreprise... Un conglomérat d'entreprises interconnectées et fournissant les services sans latence, directement sans le détour de processus, et autres chicanes héritées des traitements papier, des guichets, des saisies...

Ce conglomérat n'est pas simple addition, juxtaposition : il se constitue en intelligence, chaque partenaire y jouant le rôle pour lequel il est le mieux doté, avec les meilleures capacités.

Le terme d'Ecosystème désigne ce conglomérat multi-acteurs.
Un écosystème, ses acteurs, ses échanges, ses cycles de vie


Vers les SI d'Ecosystème


L'analogie, du point de vue de l'Architecture du SI, entre l'Entreprise et l'Ecosystème est flagrante :

  • Dans l'entreprise on se plaignait des silos, avec leurs visions orientées "métier", on s'efforçait de partager les grands référentiels transverses par une approche de type MDM,
  • Dans l'entreprise on créait des entrepôts transverses, reprenant les données issus de divers flux, pour alimenter le décisionnel... on mettait en place des MDM, du pilotage, des "visions 360",
  • Dans l'entreprise on orientait le SI vers le client, pour le fidéliser, l'engager, diversifier l'offre.

Avec l'Ecosystème, se posent les mêmes problématiques avec acuité. Elles transcendent celles de l'Entreprise, "piégée" par l'Ecosystème comme canard dans sa mare. Simplement, les questions d'affrontements internes, les zizanies, ... deviennent des confrontations concurrentielles, d'influence, de lobbying réglementaire.

Le SI de l'Ecosystème, comme du temps de l'Entreprise, est enjeux de pouvoir. Ce levier est crucial puisque les luttes ne sont plus intestines, mais de survie, dans le monde implacable des rendements d'échelle de l'Iconomie.

Et le client, doté de la meilleure "application", devient l'arbitre du duel économique.

L'Architecture d'Entreprise connectée à l'Architecture d'Ecosystème


Le barycentre du SI passe ainsi de l'Entreprise à l'Ecosystème. L'Architecture d'Entreprise n'a plus guère de sens, si elle n'est alignée, et subsidiaire de l'Architecture de l'Ecosystème.

Par exemple, tel référentiel, qui identifie les acteurs, tel autres des clients, ou encore tel référant les cycles de vie,... : ces données maîtres ont un tronc commun à toutes les parties prenantes de l'Ecosystème. Logiquement, des offres globales, spécialisées par type de référentiel, émergent, comme par exemple pour la gestion des référentiels produits.

On réutilisera le savoir-faire acquis pour "architecturer" l'Entreprise, en adaptant la méthode :  L'Ecosystème est, par construction, multi-acteur. Il est, dans le contexte, très évolutif. Son Architecture ne peut être conçue comme la bonne vieille Architecture d'Entreprise, avec ses processus normés, sa Gouvernance, et son lent déploiement.

De l'infiniment grand ...


Jusqu'où peut nous amener le saut conceptuel de l'Entreprise à l'Ecosystème ? Quelles sont les nouvelles frontières ? Vers de super écosystèmes où toutes les Entreprises se diluent ?

L'avenir est incertain. Pourtant des frontières "virtuelles" existent, celles marquées par les événements pertinents pour l'écosystème. Par exemple :

  • Si l'Ecosystème a trait aux soins, il s'agit des parcours de santé, et des cycles de soin. Après tout, les phénomènes, même si leurs modalités changent, sont éternels : vieillissement, maladie, thérapies, hygiène de vie, etc...
  • Si on s'intéresse à la mobilité, une organisation en Ecosystème est tout aussi complexe, rythmée par les jalons du parcours physique. Avec des modalités changeantes (transports automatiques, covoiturage, uberisation) dans un cadre éternel (aller d'un point A à un point B, et à cette occasion voir, communiquer,...).

Et pourquoi ne pas intégrer de tels ensembles dans une "Smart City", ville intelligente et connectée ?

à l'infiniment petit


De l'infiniment grand à l'infiniment petit. A l'opposé de cet infiniment grand, l'infiniment petit de l'atome d'information : le grain le plus fin, porteur de sens pour tous les participants à l'écosystème.

Ce grain d'information est le plus petit commun dénominateur de l'Ecosystème, toutes les parties prenantes le comprennent, et le reconnaissent comme trace de leurs actions communes.Il n'est pas toute l'information, mais il est centre de la marguerite d'informations, à la quelle chaque contributeur apporte son pétale. Il identifie l'objet et l'événement : l'individu, la maladie, le soin, dans notre exemple.

Quelles que soient les recompositions de l'Ecosystème, le modèle du grain (voir ce concept), des gains typiques, demeure. Pour le recueillir, le tracer, la figure de style du Puits de données s'impose.


L'Architecture de l'Ecosystème existe


L'Architecture d'un Ecosystème existe. Comment organiser les systèmes autour de ces grains, pivots de cohérence et de synergie ? Par quel miracle l'Ecosystème pourrait-il fonctionner autrement ? Car il lui faut une épine dorsale de SI pour véhiculer les influx nerveux.


Est-ce de la philosophie ? De l'Iconomie ? C'est l'application d'une méthode rigoureuse adaptée à cet enjeux : l'Architecture Flexible. L'Architecture de conquête de l'Ecosystème.

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