jeudi 24 juin 2021

Hommage à la « petite vaurienne »


Poème de René du 7 avril 1967 (complété le 20 juin 2021 en hommage à Marie-Françoise, épouse adorée décédée le 18 mars 2021)

 

La calligraphie des premières lignes tracées par l’enfant fier,
suinte dans ce cahier jaune au teint passé des vieux souvenirs.

Lui manquent quelques fleurs séchées, immatérielles, collées dans l’oubli des pages quelconques.

Leur teint serait déjà parti dans l’ombre, pour ne laisser sur notre bêtise que les nervures fines et fidèles des pétales évanouis.

 

Si le « a » n’est pas le « o », c’est que le « a » marche, et que le « o » roule,
il convient de s’appliquer si l’on veut que la marche du « a » soit sûre, et le roulement du « o » léger.

Si le « i » rit, espiègle, le « u » boudeur se cache et pleure sur notre bonheur,
que les vannes de la vie, ouvertes sans but, auront noyé dans le flot boueux des convenances et pensers humains.

 

***

Ce bonheur, imaginé le soir, à mes vingt ans,

fut inscrit dans les lignes de ma vie, avec l’inconnue de mon futur.

Mon bonheur désiré, annoncé, prévu, attendu.

 

Un jour de printemps l’a révélé, Jumièges nous a saisis au berceau de ses ruines,

Splendide torrent d’amour secret, il jaillit pour tout une vie.

 

Oui, à Taormina, Francky s’efface et fuit, au théâtre ébloui.

Oui, forme d’espoir, l’ombre passe, furtive, signe son repli.

Oui, la « petite vaurienne » se voyait laide à l’envie.

 

Un regard a suffi.

Enfin, la beauté éclate.

Enfin, le sourire triomphe, le charme domine, irradie.

 

L’icône est née.

 

Evidence émue, elle grandit son destin.

Du fond des yeux, la madone appose mystère, douceur, clarté.

Du fond du cœur, la mère porte l’enfant radieux, chante le poème de la vie.

Du fond du couple, la femme affirme et souffle sa flamme.

 

Flamme de joie, flamme d’amour, flamme toujours.

 

Au delà des joies et des peines,

fusion d'instants d’un demi-siècle,

Notre amour était là, sûr, simple, solide, éclatant.

 

Hélas la vie a passé.

Sur fond de drame, l’icône est cassée.

Restent le chagrin, et l’infini des visages figés.

 

***

Oh ! temps éternel et stupide, ta bouche ouverte ricane et ne parle pas, ton souffle n’existe pas,
mais tu sembles, dans ton marbre, courir à un but que personne ne voit.

Ainsi en est-il de nous tous ignorants et futiles, heureux par nos défauts, stériles par nos idées, et perdus dans nos vergers.



Marie-Françoise

Pourquoi, ici, ce poème ?

En premier lieu, parce qu'il a du sens pour son auteur, au même titre que les diverses "inventions" proposées sur ce site (architecture de valeur, puits d'événements, trame business).

et cette production n'est-elle pas le résultat d'un processus créatif ?

Certes concevoir un système peut sembler plus rationnel que ce type de création... mais en est-on sûr ?

D'ailleurs si le poème est mauvais personne n'en pâtit, alors que dans le cas d'un logiciel !

Enfin, un poème est bien plus complexe qu'il n'y parait, car il doit être de qualité dans tous les détails, mais aussi dans son architecture...


5 commentaires:

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