mercredi 16 avril 2014

Orchestrer la transformation numérique


La transformation numérique ( voir le rapport du Club Urba-EA) marche à grands pas. Les multiples événements, bio-rythmes en tout genre, accessibles aux automates, objets connectés, et autres avatars mobiles intimes ou sociaux ne cessent de se diversifier et s'étendre à de nouveaux horizons.
Nouveaux territoires, mais aussi nouveaux instruments capables de capter les multiples cycles de vie du monde réel, les frémissements de la futilité comme les prémices d'épidémies.
On s'émerveille, ou a contrario se scandalise, tous les jours des avancées réalisées. Qui sont bien souvent le fait de nouveaux acteurs, nés du net et pariant sur la rupture(cf la "génération de disrupteurs"). Des acteurs agiles à saisir les opportunités, et qui développent à la fois un business original et ses bases technologiques.

Mais qu'en est-il des grandes organisations ? comment peuvent-elles orchestrer leur transformation numérique ? Quels thèmes développer, avec quels instruments ?

Sauront-elles s'adapter ? prendre en compte les nouveaux flux dans leur diversité, leur volume ? Ces fameuses Big Data qui affolent le marketing seront-elles assimilées, appropriées par les métiers ?

Le plus immédiat est d'étendre la connaissance du client et des marchés, grâce à l'analyse, aux fameux "data scientists" et, à terme cela deviendra banal, comme le prédit Michael Dell (Big data moteur de croissance économique).

Transformer les chaînes de valeur


Mais, plus fondamentalement, comment transformer les chaines de valeur ?

A mon sens, il existe des pistes simples pour répondre à ce défi complexe qui frappe à la porte des "majeures".
Portons notre réflexion à deux niveaux, extrémités des dites chaîne de valeur :
  • en amont, à leur origine, là où ces chaînes sont initiées, au contact des bio-rythmes qui leur donne sens.
  • au cœur des systèmes d'information, et de la technologie qui les sous-tend.
Car, entre ces deux accroches, les chaînes de valeur étendent leur toile d'araignée, au gré des lois économiques, de la réglementation, de la globalisation, des recompositions entre acteurs, selon le ballet éternel de la compétition. A la limite, c'est du second ordre par rapport au cadre global ici posé.

En amont : les sauts de frontière


Selon la terminologie que j'ai proposée et explicitée ici, les chaînes de valeur prennent leur origine sur des "frontières". A chaque étape de révolution technologique, il y a changement de frontière : saut de frontière.

Nous le comprenons bien, pour avoir vécu la "découverte" du client, de l'allocataire, de l'administré, derrière ses contrats, ses prestations, etc... et l'époque des premiers "guichets uniques" tentant de restituer une vision transverse.

Maintenant, derrière le client, il y a par exemple le fanatique de course, traqué par les applications et les sites de "running" qui le suivent à la semelle, dans ses moindres pas. Il y aura aussi des milliers d'autres univers de problématiques, heureuses, et pragmatiques, voire pathologiques.

Derrière le réfrigérateur, il y aura le gestionnaire familial de stocks, proposant les réapprovisionnements.
Et le tracteur de l'agriculteur, bien sûr bardé de capteurs, obéira à l'intelligence du semencier, par le truchement de l'industriel de machines agricoles, transformé en opérateur de réseau et de services.

En somme, ce qui change fondamentalement est l'accès aux événements, événements atomiques et primaires, alors que les affaires traditionnelles ne pouvaient connaître que des images grossières, et des événements plus globaux, moins fins, moins fréquents, moins intimes !

Ce saut de frontière concerne bien sûr les cycles client (ou du citoyen), mais il se produit, de façon évidente,  pour l'ensemble des événements, et donc pour tous les cycles de l'entreprise. Cycles traditionnels susceptibles d'être "dépassés" par des cycles primaires, et déterminants. Pour l'entreprise qui ne voit pas venir ces modifications, le danger est de perdre le contact, l'efficacité, la pertinence, car les chaînes de valeur se sont prolongées en l'amont. Le danger est aussi de voir apparaître  des compétiteurs sur ses propres segments de valeur.

On pourrait se dire que tout ce chambardement, vers de nouveaux azimuts, est complexe. Et bien NON ! La complexité ne vient pas de ces jeux de frontière, faciles à comprendre. Elle vient des explications alambiquées, et des méthodologies pléthoriques...

Au cœur des transformations : les systèmes d'information


Pour apporter de la valeur, c'est-à-dire réaliser les transformations attendues, qu'elles soient industrielles, administratives, intellectuelles ou autre, il faut bien sûr capter les événements, et développer les chaînes de valeur entre les différents partenaires, à l'aide de processus, applications et autres systèmes.

L'influx nerveux
Mais les systèmes d'information sont à la fois l'influx nerveux et la mémoire de ces transformations.

Nous avons vu que les nouveaux entrants, les "pure-players" sont à l'aise à la fois avec le terreau business de leur niche et les technologies adaptées. Notre sujet concerne les grandes entreprises et organisations qui doivent évoluer, et jouer sur ces nouveaux territoires.

Une de leurs forces est située dans les informations qu'elles ont dégagées. Plus que les métiers ou les marchés, les informations sont durables, car plus "objectives". Et la révolution en marche ne mettra pas en cause tous leurs fondements : le noyau le plus stable, formel, incontournable, intemporel, demeurera, même si le "comment" des transformations réalisées par l'organisation change.

L'hybridation des données : une opportunité


D'ailleurs, concrètement, avec le séisme numérique, l'hybridation de données nouvelles, massives, non structurées, souvent individuelles et privées, devra se faire avec le patrimoine de données de l'entreprise, celui abrité par "l'espace souverain".

Quelle formidable opportunité ! La force des "majeures" est dans leurs données.

L'enjeu est dès lors la bascule, le rebond vers les nouveaux territoires, en s’appuyant sur les données. Et pour cela il faut sortir de l’imbroglio, du plat de spaghetti, du cyclone d'échanges internes entre silos.

Les données sont les gènes de l'entreprise et des administrations. La transformation numérique ne peut se résumer à la création de nouveaux silos de données ! Il faut capitaliser sur l'existant et rebondir par une hybridation des données massive.
le Logo d'Hadoop

Chaussures connectées
L'approche proposée ici, et qui est en phase avec les évolutions technologiques des plateformes, en particulier pour intégrer les données des Big Data grâce aux architectures émergentes (voir la multitude d'offres en Open Source et dans la mouvance de Hadoop), prend ainsi un relief particulier: elle ouvre un chemin vers cette hybridation, et, par là, l'intelligence des nouveaux territoires, et la connaissance émergente de biorythmes jusqu'à présent méconnus.

Entre les nouveaux azimuts des chaînes de valeur, et les précieux "puits" d'informations, l'orchestration de la transformation numérique dispose à la fois des thèmes à développer et des instruments à diriger.




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