dimanche 6 décembre 2015

Architecture d'Entreprise, Architecture du SI, trois piliers pour la flexibilité



Un même combat pour la flexibilité


Le concept d'Architecture d'Entreprise est issu de réflexions historiques sur l'empilement des systèmes d'informations, et aux Etats Unis d'une réglementation fédérale (Clinger-Cohen Act 1996).
 
De fait, c'est une lutte contre l'embolie que les systèmes d'information traditionnels provoquent progressivement, en s'imbriquant, se complexifiant plus que de raison.
 
Même si le développement de ces SI peut maintenant être fondé sur des techniques et méthodes plus "agiles" (DevOps, démarche "agile", micro-services, ...), et en rupture avec la culture SI traditionnelle, le patrimoine SI existant a été défini "à l'ancienne" et, par construction, ne peut devenir miraculeusement flexible.
 
Nous avons aussi pointé l'ancienneté des méthodes d'Architecture d'Entreprise, issues de cette époque des SI conçus par blocs applicatifs maladroitement interfacés, méthodes et modèles inadaptés pour cette flexibilité :
 
  • que ce soit dans le renouvellement du patrimoine, ignorant la rupture de culture SI,
  • ou dans la mise en mouvement du patrimoine existant, qui repose sur de la méthodologie lourde et ne tire pas profit des avancées technologiques (voir la métaphore des cathédrales).
Pourtant le Business est de plus en plus dépendant du SI, avec une numérisation envahissante. Les chaînes de valeur se transforment, la concurrence se déplace et la flexibilité du SI est clé pour une flexibilité du Business. C'est indispensable pour conquérir de nouveaux espaces d'affaires, ou pour résister aux "barbares", et la flexibilité du Business repose sur la flexibilité du SI.

Trois piliers pour la flexibilité


Assez logiquement, se donner de la flexibilité peut être vu de 2 façons :
  • soit faire l'inventaire de tout ce qui doit être flexible (les composants, l'entreprise, la chaînes de valeur, le processus de développement,...)
  • soit, a contrario, raisonner "en creux", et pointer ce qui peut, et doit, rester rigide.
La première approche est vertueuse, mais elle ne garantit pas le résultat : d'expérience, la rigidité apparait a posteriori, car on n'a pas anticipé sur telle ou telle dimension de flexibilité. Par exemple, on a conçu tous les détails de micro-services totalement flexibles, sans vision d'ensemble et étude de scénario. Surtout, même avec un SI utopiquement flexible sur tous les azimuts, les rigidités organisationnelles, réglementaires, culturelles, sociales bloquent les mouvements : elles doivent plus que jamais être anticipées. En outre, comme toujours, le patrimoine existant est en travers de la route, sa migration est un problème en soit, qui ne passionne pas les apôtres des développements agiles.

Surtout le domaine d'étude de la flexibilité est complexe et infini. Dans un paysage SI et Business de plus en plus incommensurable, il est irréaliste de vouloir le cartographier, le décrire dans une vision figée.

La deuxième approche est bien plus praticable. L'architecture "3 piliers" proposée ici repose sur des constats d'existence d'invariants "évidents". Notons que nous appelons invariants des concepts qui, dans un monde en changement somme tout rapide, ne sont pas remis en cause, où le sont lentement au regard du mouvement général.

Ces 3 piliers sont :

Les modèles des données de références :

Pilier 1 : les informations de référence statiques : identification et caractéristiques typiques des objets du monde réel (personnes, clients, entités économiques, éléments de structure, d'organisation, produits, services, nomenclatures diverses et variées, ...). Ce sont les informations que l'on peut organiser au sein d'un MDM, ou dans un ERP, ou dans tout dispositif technico-organisationnel de gestion de la cohérence, au sein de l'Entreprise. Ou de façon plus globale, au sein d'un écosystème, voir d'un périmètre social ou économique.

Pilier 2 : les informations de référence dynamiques : flux et échanges opérationnels entre les acteurs des chaînes de valeur, typiques des cycles de vie des objets du monde réel. Il est fondamental de distinguer ce type de pilier, par rapport au précédant, car les pratiques sont différentes, mal reconnues, partielles (pivot SI résolvant seulement une partie du problème). Ceci correspond à la notion de "puits de données" explicitée ici.

Pilier 3 : Les modèles de chaîne de valeur. Nous avons constaté ici :

  • d'une part l'invariance des cycles et parcours, des événements initiateurs de chaînes de valeur, 
  • d'autre part la grande stabilité de segmentation des chaînes de valeur, segmentation correspondant à des ruptures physiques (logistique, fabrication, ...), réglementaires, professionnelles, ou d'optimisation économique (opérateurs spécialisés). Bien sûr il ne s'agit pas de la stabilité de chaînes de valeur elles-mêmes, qui sont en profonde re-ingénierie à notre époque "iconomique". Mais de stabilité "meta" (comme d'ailleurs pour les piliers 1 et 2 dont la meta description est peu ou pas évolutive : les caractéristiques d'identité d'une personne sont figées).

L'existence de ce pilier est fondamentale, et soit dit en passant totalement ignorée du corpus méthodologique actuel (grands cabinets, organisations professionnelles et gouvernementales). En effet elle garantit un positionnement clair et fondamental des piliers 1 et 2, sans le quel ces piliers s'effondreraient à la première secousse, avec un effet domino sur le Business et tout le SI qui s'y sont adossés.


Une structuration progressive


Si l'on en revient au défi posé ici, rien ne sert de disposer d'une cible magiquement flexible à terme, même si cette architecture à 3 piliers satisfait le dilemme de la flexibilité, car il faut pouvoir l'atteindre.

Ici intervient la technologie, avec l'émergence de produits d'intégration de données qui permettent, à coût réduit et délais courts, de mettre le patrimoine en mouvement. Et aussi, n'est-ce pas miraculeux ?, de satisfaire aux exigences de rupture pour le Business (partenariats, écosystème numérique, ...) et le SI : inter fonctionner avec le Cloud, les SaaS, les APIs, ... tout en préservant l'existant (process réglementaires, flux "batch", patrimoine applicatif, cultures métier,...).

De la technologie, mais aussi, pour concrétiser ce miracle à portée de main, un minimum de réflexion et de "conception" :
  • pour définir les "meta" (meta-informations pour les données de référence, meta chaîne de valeur, nomenclature des événements, meta-datation, gestion de la subsidiarité, ...). Un ensemble simple et très concentré sur des sujets cernés par la méthode des "3 piliers",
  • pour mettre en place l'architecture pas à pas, sans intrusion, en migration souple, et opportunément à court terme,
  • pour dépasser le battage médiatique autour des techniques émergeantes ( Cloud, Big Data, NoSql, in memory, objets connectés,...), et situer ce tourbillon, et les nouvelles chaînes de valeur, dans un paysage SI et Business rénové.
Trois piliers, enracinés dans le futur, mais aussi fondés sur l'existant. Piliers orchestrant la flexibilité, charnières de la migration, invariants de la bascule pour le changement.


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